Test des Adidas Terrex Agravic Speed Ultra 


Adidas a commercialisé au printemps 2024 la Agravic Speed Ultra, sa nouvelle supershoes de trail dédiée à la performance sur les trail longs. La Agravic Speed Ultra constitue le second modèle trail d’Adidas équipé d’une plaque en carbone puisque la marque aux trois bandes avait sorti en 2021 la Agravic Ultra… modèle qui avait hélas connu (à raison!) un accueil assez mitigé de la part du public! Adidas mise énormément sur la Speed Ultra: la marque a même beaucoup communiqué sur ce modèle, et ce bien avant sa sortie officielle. On a ainsi vu les Agravic Speed Ultra aux pieds de nombreux athlètes élites de la marque (Tom Evans lors de sa victoire sur la Western States 2023, Dmitry Mityaev, Ruth Croft…), et ce dès 2022 (Pablo Villa les avait par exemple portées dès la Transgrancanaria 2022)! Adidas a donc énormément pris son temps, jusqu’à créer un peu d’impatience auprès du public… mais l’attente en valait assurément la chandelle. La Speed Ultra va très facilement reléguer la Agravic Ultra aux oubliettes de l’histoire des chaussures de trail, en même temps qu’elle va permettre à la marque de franchir un sacré palier. La chaussure est en réalité une sorte d’OVNI: elle vient offrir un très bon compromis entre les autres supershoes du marché (Hoka Tecton X, The North Face Vectiv Pro, Nike Ultrafly…) et des modèles pour ultras plus classiques. Elle s’affirme surtout comme un bijou de technicité (tige hyper-minimaliste, plaque à tiges, profils hyper agressifs…)… mais avec tous les défauts que cela suppose (faible protection, peu de maintien…)!  

En Résumé

Drop: 8 mm
Poids: 270/225 g
Hauteur Talon: 42 mm
Fit: Standard

Plaque: Carbone
Catégorie: Ultras & Longues Distances
Usages: Sentiers Peu à Moyennement Techniques
(Compacts & Meubles)
Types de Pieds: Standards à (un peu) Larges
Poids Athlètes: Légers à Intermédiaires.
Rythmes: Intermédiaires à Lents
Type(s) de Pratiques: Des Trails Intermédiaires jusqu’aux (gros) Ultras en Compétitions / Les Séances Tempos & les Sorties Longues à l’Entrainement.
Points Forts: 1°) Le très bon Compromis entre Amorti, Réactivité & la Fluidité de la Foulée
2°) La Qualité du Toucher & le Confort sous le Pied (en Dépit de la Plaque)
3°) L’Adaptation à une Diversité de Rythmes de Course & de Distances
4°) L’Accroche Assez Polyvalente (Sols Compacts & Meubles) & le Bon Grip sur Roches Lisses
5°) Le Confort du Chausson (Pieds bien Enveloppés, Pas de Frottements…)
6°) La Relative Agilité & la Bonne Adaptation aux Contraintes du Terrain (pour une Supershoes)
Points Faibles: 1°) La Quasi Absence de Protection (Empeigne hyper Fine, Pare Pierres Minimaliste…)
2°) Le Maintien assez Faible (Pied pas hyper Sécurisé, Talon qui Bouge…)
3°) Quelques Limites sur le plan de la Stabilité (notamment à l’Avant)

Sommaire

Des Profils de Semelle à la fois très Hauts & Agressifs! 

Une Accroche assez Polyvalente… mais une Chaussure Limitée sur le plan des Terrains 

Une Empeigne Incroyablement Technique & Minimaliste! 

Vidéo de Présentation

Où se les Procurer?

Des Profils de Semelle à la fois très Hauts & Agressifs! 

Les Adidas Agravic Speed Ultra sont des chaussures assez ambivalentes dans leur conception: elles sont très minimalistes au niveau de leur partie supérieure, mais beaucoup plus maximalistes en ce qui concerne leur partie inférieure! Le modèle dispose en effet de profils de semelle particulièrement hauts, en l’occurrence les plus élevés au sein de la gamme trail d’Adidas. Leur stack est en effet de 42 mm au niveau du talon et de 34 mm à l’avant, ce qui donne un drop de 8 mm. Il s’agit par exemple d’une hauteur talon plus élevée que les Sousltride Ultra (39 mm) ou encore que les Agravic Speed (35 mm). Ces profils élevés, la Agravic Ultra la doit en réalité à la composition assez singulière de la semelle intermédiaire. Cette dernière est constituée par deux gros éléments: on retrouve, tout d’abord, la fameuse plaque de propulsion Energy Rods (apparente en orange). Adidas n’entre pas dans le détail exact de sa composition, à part pour préciser qu’elle contient une grande partie de fibres de carbone! Sa conception est tout même assez singulière, en tout cas en comparaison des autres plaques en carbone du marché: la plaque est en effet divisée en plusieurs tiges, que ce soit à l’avant ou à l’arrière… d’où l’appellation d’Energy Rods. Son design fait en réalité davantage penser à celui d’un chromosome qu’à celui d’une plaque de propulsion. Et, comme nous le verrons, cette conception aura des incidences sur la foulée des athlètes (en termes de stabilité, de confort…). La plaque est par ailleurs intercalée entre deux couches de mousse Lighstrike Pro. Il s’agit d’un composé haut de gamme, qu’on retrouve sur les Agravic Speed ou sur les Soulstride Ultra, et qui a la particularité d’être à la fois assez léger et réactif. Son recours est d’ailleurs ce qui explique en partie comment les Speed Ultra parviennent à être aussi légères (270 grammes), en dépit de profils aussi maximalistes! Adidas précise tout de même que les deux couches de mousse disposent de densités différentes: celle sur la partie supérieure est assez peu dense et propose avant tout de l’amorti, tandis que celle située sous la plaque est beaucoup plus ferme et réactive. Dernière singularité technique et non des moindres, on notera que les Agravic Speed Ultra disposent de profils de semelle particulièrement agressifs: ses concepteurs ont en effet opté pour un double rocker (ndlr: incurvation de la semelle), qui est d’autant plus prononcé sur la partie avant de la chaussure!

De fait, sur le terrain, les Adidas Speed Ultra proposent des sensations véritablement singulières, qu’on ne retrouve sur nul autre modèle de trail. Pour faire simple, les chaussures offrent un compromis entre amorti, fluidité de la foulée, et dynamisme qui est tout simplement inédit. Les chaussures font en réalité penser à une sorte de The North Face Vectiv Pro 2, mais en déclinaison moins radicale et avec un peu plus d’amorti. D’un autre côté, on retrouve un peu de l’ADN de la Salomon S/Lab Ultra by FDH, en raison de l’important soutien que proposent les chaussures, mais également de la qualité de leurs transitions durant la foulée. En somme, la Speed Ultra vient se présenter comme une sorte de compromis entre le dynamisme offert par les nouvelles supershoes du marché (Hoka Tecton X, Nike Ultrafly…) et les qualités d’amorti intrinsèques aux modèles pour ultra-trail plus traditionnels. Bref, le cocktail proposé est vraiment réussi: d’un côté, le profil hyper agressif de la chaussure, combiné à la présence de la plaque, rend la chaussure dynamique et assez facilement portée vers l’avant ; de l’autre, le Lighstrike Pro apporte beaucoup d’amorti sous le pied, et ce de manière équitablement répartie (puisqu’il est présent aussi bien à l’avant qu’au niveau du talon). J’ai pour ma part été particulièrement séduit par le confort du toucher, et ce en dépit de la présence de la plaque: la mousse apporte en effet beaucoup de moelleux sous le pied, dès l’avant de la chaussure, ce qui tranche avec les sensations plus rigides offertes par la plupart des autres modèles à plaque carbone du marché! Au rayon des bons points, on saluera également le fait que le déroulé de la foulée soit des plus naturels:  les transitions sont en effet hyper fluides durant la foulée, de l’avant pied jusqu’au talon. Bref, la plaque ne joue pas seulement un rôle de propulsion de la foulée, mais également celui d’accompagnement des mouvements du pied et de la cheville!  

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En conséquence, les Speed Ultra sont des chaussures assez polyvalentes sur le plan des rythmes de course. Elles sont aussi bien adaptées à des rythmes intermédiaires et “tempos”, qu’à des allures plus lentes… si ce n’est à de la rando course. Autrement dit, les chaussures conviennent aussi bien à une attaque talon qu’au niveau du médio-pied. La singularité des Speed Ultra tient toutefois à leur capacité à tenir des rythmes de course élevés durant de nombreuses heures lorsque nécessaire, un peu à l’image de ce que sont capables de faire des Asics Metafuji Trail. La différence, c’est que les Adidas Speed Ultra proposent assurément une meilleure économie de la foulée au fil des kilomètres! La base de semelle assez large, notamment à l’avant, permet par exemple aux pieds et à la cheville d’être assez bien stabilisées et de ne pas trop travailler latéralement. Quoi qu’il en soit, les chaussures d’Adidas conviendront aussi bien pour des trails intermédiaires que pour des ultras en compétition. Elles seront par exemple suffisamment dynamiques et légères pour convenir à des formats autour de 50 km. On a d’ailleurs pu apercevoir de nombreux athlètes de la Team Adidas (Toni Mc CannLouise Penhoat…) les porter sur ce genre d’épreuves! Mais à la différence de nombreuses supershoes concurrentes, c’est un modèle qu’on pourra sans souci utiliser sur des gros ultras – bien au-delà de la fameuse barre des 100 km -, et ce même sur des formats 100 miles. Et cette capacité à convenir à un large panel de distances, peu de modèles à plaque carbone sont capables de s’en targuer! 

Une Accroche assez Polyvalente… mais une Chaussure Limitée sur le plan des Terrains 

Un des autres atouts majeurs des Adidas Agravic Speed Ultra est de disposer d’assez bonnes qualités d’accroche, et ce sans rogner sur la fluidité de sa foulée sur les sentiers compacts et roulants. Et l’exploit n’est pas mince! Adidas a sans surprise choisi d’équiper sa nouvelle chaussure phare de son propre composé Continental, qu’elle utilise sur tous ses modèles trails. Le Continental est par ailleurs associé à des crampons moyennement proéminents et agressifs. Leur épaisseur oscille en effet entre 2,5 (au centre de la semelle) et 3,5 mm (sur les bords extérieurs), et ils sont plutôt plats et assez densément répartis sur toute la surface de la semelle. Cette configuration permet aux Speed Ultra de proposer des qualités d’accroche assez polyvalentes. Soyons clair: c’est un modèle qui s’en sortira le mieux sur les sentiers compacts et lisses (pistes larges, le gravel…), contextes où il offre une foulée hyper fluide et naturelle. Mais les athlètes pourront également emmener les chaussures sur des sentiers plus meubles et décomposés lorsque nécessaire. J’ai en tout cas été agréablement surpris par leur adhérence sur ce type de surfaces, que ce soit en sous-bois ou sur des sols plus sablonneux, et ce en dépit de crampons assez fins. Sa base de semelle hyper large – notamment à l’avant – joue pas mal à ce niveau et offre à la chaussure une assez grosse emprise au sol sur ce genre de terrains.  Il n’y a que lorsque les conditions deviennent humides et les sols gras que les Adidas Speed Ultra montreront véritablement leurs limites en la matière… mais rien de plus logique compte tenu de la configuration de leur semelle. Les chaussures ont également le mérite de disposer d’un bon grip sur les roches lisses/humides, ou encore les racines, ce qui amène un surplus de sécurité lorsqu’on évolue sur des sentiers un peu plus accidentés en montagne. Une nouvelle fois, le composé Continental nous démontre toutes ses qualités!  

Mais en dépit de leurs qualités d’accroche, les supershoes d’Adidas ne seront pas à l’aise sur tous les types de terrains. Il s’agit même d’un modèle à réserver aux contextes pas trop techniques. Leur plus grosse limite en la matière tient clairement à leurs faibles qualités sur le plan de la protection. Comme nous le verrons, leur empeigne est de conception très minimaliste, ce qui fait que les pieds sont très facilement exposés aux coups et aux obstacles (branches, cailloux…)! Le pare pierres est par exemple assez fin et donc peu protecteur pour les orteils. Mais même la coque talonnière est assez peu renforcée, ce qui fait que l’arrière du pied est lui aussi assez peu protégé. Les Adidas Speed Ultra pâtissent par ailleurs de certains défauts sur le plan de la stabilité. Rien de plus logique compte tenu de leurs profils assez élevés et de la présence de la plaque! Les chaussures s’en sortent tout de même un peu mieux qu’attendu et que bien d’autres supershoes concurrentes dans ce domaine: le fait que la base de semelle soit assez fine à l’arrière évite par exemple au talon de tourner trop facilement lorsqu’on pose le pied sur une roche ou sur une racine. Mais pas de quoi non plus nous permettre d’emmener les chaussures sur des sentiers assez techniques et rocailleux! Les Speed Ultra disposent tout de même d’étonnantes qualités d’agilité de la part d’un modèle à plaque carbone. C’est une chaussure qui en conséquence s’adapte un peu plus facilement aux contraintes du terrain que d’autres modèles analogues, et qui sera par exemple assez à l’aise dans des monotraces sinueuses. Autrement dit, on aura aucune réticence à les emmener en montagne… à condition bien évidemment que les sentiers ne soient pas trop techniques et – notamment – que ses faibles qualités de protection ne soient pas trop mises à l’épreuve! 

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Une Empeigne Incroyablement Technique & Minimaliste ! 

L’empeigne se définit pour sa part comme l’exact inverse de la partie inférieure de la chaussure, puisqu’elle est extrêmement minimaliste. Adidas a en effet opté pour un composé synthétique particulièrement fin et malléable. Il n’y a quasiment pas de rembourrage, à part au niveau de la partie arrière du chausson. La languette est également très fine et légère, et il y a très peu d’éléments rigides et de thermocollages qui viennent donner de la structure à la tige, hormis les logos de la marque au niveau du médio-pied. Autrement dit, les concepteurs de la chaussure se sont avant tout situés dans une logique de gain de poids… en rognant ainsi sur les qualités de maintien de la chaussure: les tissus enveloppent très bien la morphologie des pieds, et ce de manière uniforme, mais la tige offre globalement très peu de structure et de soutien durant la foulée. Les pieds ont ainsi tendance à pas mal bouger latéralement, notamment lorsqu’on s’aventure sur des sentiers un tant soit peu techniques. Ce manque de châssis est sans doute le plus criant au niveau de l’arrière de la chaussure: le talon est en effet assez peu structuré, ce qui induit un surplus de fatigue musculaire… Globalement, j’ai trouvé que le pied était assez peu sécurisé durant la foulée: le mesh a en effet tendance à un peu glisser à sa surface, notamment au niveau de la partie médiane de la chaussure. Bref, cette empeigne minimaliste suppose d’avoir pas mal de “pied” et la cheville assez musclée… en tout cas pour se permettre d’emmener la chaussure durant de nombreux kilomètres, en particulier sur des terrains quelque peu accidentés! 

La partie supérieure des chaussures a par contre le mérite d’être très confortable. Pour caricaturer, on a le sentiment d’être dans de véritables petits chaussons ! En tout cas, les sensations se rapprochent davantage de ce que proposent des chaussures de route que des modèles trail traditionnels. Les composés hyper techniques de la tige ont également pour avantage de n’engendrer aucune forme de frictions et de frottements avec les pieds, et ce même au niveau de la malléole. Les tissus deviennent même hyper fins et malléables au niveau du collier, ce qui évite toute tension avec la cheville ou encore avec le tendon d’achille. Les lacets crantés permettent par ailleurs de conserver un niveau de serrage constant durant les sorties, et ce sans créer de tension au niveau du coup de pied. Adidas a plus globalement cherché à accorder pas mal de place et de liberté d’actions aux pieds durant la foulée… et c’est une petite révolution de la part de la marque, tant ses modèles trail sont réputés pour l’étroitesse de leur chaussant. La toe box est par exemple assez évasée, que ce soit en largeur ou en hauteur, ce qui laisse pas mal d’espace aux orteils pour s’exprimer. La malléabilité des tissus fait le reste et évite tout frottement avec l’avant du pied, et ce même dans les descentes… Bref, on est très loin des fits serrés et contraignants d’une Adidas Agravic Ultra ou d’une Soulstride Ultra! Par contre, les habitués des modèles de la marque risquent d’être dépaysés, tout comme les athlètes aux pieds fins à qui on recommandera d’opter pour une ½ taille en dessous de leur pointure habituelle. Dernier atout et non des moindres: l’empeigne donne de nombreux gages sur le plan de la durabilité. Le mesh résiste en tout cas très bien à l’usure et aux déchirures, et ce en dépit de sa finesse. C’est un peu moins le cas de la surface externe de la semelle intermédiaire (en blanc)… mais cela constitue des désagréments qui relèvent surtout d’un plan esthétique! 

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Hommes

Drop: 8 mm
Poids: 270 g
Hauteur Talon: 42 mm
Fit: Standard

Plaque: Carbone
Catégorie: Ultras & Longues Distances
Usages: Sentiers peu à Moyennement Techniques
(Compacts & Meubles)
Prix230 euros
Femmes

Drop: 8 mm
Poids: 225 g
Hauteur Talon: 42 mm
Fit: Standard

Plaque: Carbone
Catégorie: Ultras & Longues Distances
Usages: Sentiers peu à Moyennement Techniques
(Compacts & Meubles)
Prix230 euros