Salomon nous propose la Thundercross, une nouvelle chaussure qui vient se situer en milieu de gamme et qui est plutôt orientée grand public. Sa sortie, à la fin de l’été 2023, s’est un peu faite en catimini et a notamment été largement occultée par celle de la S-Lab Ultra, la fameuse chaussure à 240 euros co-conçue avec François d’Haene. La Thundercross mérite pourtant qu’on s’y attarde largement: pour faire simple, elle se présente comme une sorte de déclinaison des Sense Ride 5, mais taillée pour évoluer sur les terrains accidentés et/ou dans les conditions hivernales (humidité, boue…). La chaussure, qu’on a pu apercevoir aux pieds de Miguel Heras lors de sa 2nde place sur l’Ultra Pirineu il y a quelques semaines, constitue en réalité une sorte de modèle hyper agile, à l’excellent compromis entre dynamisme et amorti, le tout agrémenté par des qualités d’accroche et de protection qui demeurent assez rares parmi les modèles de la marque annécienne. Qu’on se le dise, les Thundercross deviennent de facto le modèle le plus polyvalent… mais aussi l’un des meilleurs rapports qualité-prix de la gamme trail Salomon! Et si finalement c’était elles la bonne surprise 2023 de Salomon?  

En Résumé

Drop: 4 mm Poids: 290/256 g Hauteur Talon: 31 mm Fit: Standard Catégorie: Terrains Accidentés/Montagne Usages: Toutes Distances/ Tous les Terrains Techniques (Meubles & Compacts/Rocailleux). Pour Qui? Pour Quoi?:  Les Athlètes de Poids Légers à Intermédiaires, aux Pieds Fins à Standards/ Chaussure orientée à la fois « Performance » & « Loisirs » (Compétitions jusqu’à 70-80 km, les Séances Actives ou « Chill » à l’Entrainement, les Conditions Humides/Hivernales…). Points Forts: 1°) La Polyvalence des Terrains & de l’Accroche (Terrains Meubles & Compacts/ Sous-Bois, Moyenne Montagne…) 2°) Le Compromis entre Rebond & Travail du Pied/ de Proprioception. 3°) La grande Fléxibilité/Agilité de la Chaussure. 4°) Le Chaussant plutôt Accueillant (notamment à l’Avant). 5°) Le Maintien vraiment Homogène du Pied. 6°) La Protection assez complète du Pied sur la Partie Supérieure. Points Faibles: 1°) Le manque de Grip sur Surfaces Compactes/Rocailleuses & Humides. 2°) La Voûte Plantaire assez Exposée à l’Avant. 3°) Le relatif Manque de Respirabilité de la Tige.

Un Modèle Agile, capable de s’Adapter à Différents Rythmes de Course! 

Allons directement au but: les Thundercross ressemblent énormément aux Sense Ride 5, du point de vue de leur profil de semelle, mais surtout au regard des sensations qu’elles offrent aux athlètes. La référence n’est pas explicite chez Salomon, mais la filiation semble tout de même assez évidente. Les Thundercross présentent tout d’abord un profil assez intermédiaire de 31 mm, assez similaire à celui des Sense Ride 5 (29 mm), la différence de 2 mm s’expliquant par les crampons plus proéminents de la Thundercross. Les deux modèles sont surtout équipés du même composé à l’intérieur de leur semelle intermédiaire: l’Energy Foam, une mousse  qui associe de l’EVA et de l’oléfine et qui semble être proposée selon les mêmes dimensions sur les deux modèles. On retrouve également le même rocker – l’incurvation de la semelle – assez prononcé à l’avant. Finalement, seuls les drops divergeront: 4 mm pour les Thundercross, contre 8 mm pour les Sense Ride! 

Au-delà de leurs similitudes sur le plan technique, les Thundercoss et les Sense Ride 5 proposent aux athlètes sensiblement les mêmes sensations sur le terrain. J’ai pour ma part retrouvé sur les Thundercoss le même toucher assez ferme que celui des Sense Ride, qui est d’ailleurs assez typique des modèles Salomon. On n’est par ailleurs ni trop haut, ni trop proche du sol, ce qui n’empêche pas la chaussure de nous offrir un assez bon amorti, équitablement réparti entre le médio-pied et le talon. Pour être tout à fait exact, le soutien proposé est loin d’être le plus généreux au sein de la gamme Salomon (notamment en comparaison de celui des Ultra Glide ou des S-Lab Ultra), mais il se situera tout de même dans une moyenne haute. Là aussi, la similitude avec les Sense Ride est assez frappante! Les Thundercross se présentent en réalité elles aussi comme un véritable modèle de compromis: elles offriront aux athlètes pas mal de rebond, mais sans les couper du sol, ni abroger leur travail de proprioception, loin sans faut. Il s’agit même d’une chaussure qui fera pas mal travailler le pied et qui demandera aux athlètes de pas mal “lire” le terrain durant la foulée.  

« J’ai retrouvé avec les Thundercross quelque peu les sensations d’une Evadict MT Cushion 2, à la différence que le toucher est ici vraiment plus ferme. Et, comme sur le modèle de Decathlon, le compromis entre amorti et dynamisme est vraiment bon! »

Car la principale caractéristique de la Thundercross est d’être un modèle particulièrement agile, encore plus que les Sense Ride 5. Elles apparaissent en effet assez flexibles en longueur… mais elles le sont encore plus latéralement! Cette souplesse, combinée aux qualités du composé Energy Foam, permet à la Thundercross de s’adapter assez aisément à différents rythmes de course: les chaussures disposent de suffisamment de rebond et de matière au niveau du talon pour convenir à des rythmes de course assez lents, mais elles se plient également assez facilement et offrent ainsi la possibilité d’attaquer sur l’avant du pied lorsque nécessaire. J’ai en fait retrouvé quelque peu les sensations d’une Evadict MT Cushion 2, à la différence que le toucher est ici vraiment plus ferme. Et comme sur le modèle de Decathlon, le compromis entre amorti et dynamisme est vraiment bon: cela permettra aux Thundercross  d’être capables d’un peu tout faire et de convenir à une multitude d’usages! Un peu à l’image des Sense Ride 5, les Thundercross sauront aussi bien s’adapter à des rythmes de courses actifs (en compétitions, comme à l’entrainement), qu’à une pratique un peu plus “chill” de la course à pied. Je n’hésiterai pas également à les emmener sur des formats longs en compétitions, autour de 70-80 km, mais peut-être pas au-delà. J’ai en effet trouvé le drop 4 un peu limitant pour véritablement permettre d’emmener les Thundercross au-delà, notamment sur des ultras. En même temps, comme nous allons le voir, elles vont constituer chez Salomon l’une des rares options pour le long, proposant des qualités d’accroche polyvalentes et dignes de ce nom! 

La Chaussure la plus Polyvalente sur le plan des Terrains chez Salomon? 

Mais le plus gros atout des Thundercross réside incontestablement dans leurs capacités à s’aventurer sur une multitude de terrains. C’est ce qui constituera sans nul doute son plus gros trait distinctif et son meilleur argument de vente au sein de la gamme trail de la marque… et, en même temps, c’est ce qui à mon avis va expliquer le gros succès qu’elle va rencontrer. C’est d’autant plus le cas que la marque annecienne a tendance à de plus en plus (hyper) spécialiser ses chaussures trails ces dernières années, en démultipliant les modèles dévolus à un type de pratiques et/ou de terrains, au risque de proposer de moins en moins de modèles véritablement polyvalents. Les Thundercross viennent en fait un peu prendre le contrepied de cette tendance. Pour faire simple, elles constituent une chaussure qui sera aussi bien capable d’évoluer en sous-bois, qu’en moyenne montagne, que sur des terrains un plus alpins à l’occasion. Bref, les Thundercross viennent en réalité un peu combler un angle mort chez Salomon car c’est une chaussure qui n’existait pas jusqu’à présent dans sa gamme trail… voir qui n’a jamais véritablement existé ! 

« Les Thundercross viennent en réalité un peu combler un angle mort chez Salomon car c’est une chaussure qui n’existait pas jusqu’à présent dans sa gamme trail! »

Leur polyvalence, les Thundercross les doivent tout d’abord à leur semelle externe. Salomon a choisi d’équiper son modèle d’un composé All Terrain Contagrip, mais surtout de crampons qui apparaissent assez proéminents. Ils sont en effet épais de 5 mm, mais ils apparaissent surtout assez agressifs. Ils sont en effet dessinés en forme de chevrons et leur orientation a été inversée à l’arrière. C’est une configuration qui permet aux Thundercross de s’en sortir aussi bien sur les terrains meubles que compacts. J’ai tout d’abord été particulièrement séduit par le comportement de la semelle extérieure sur les terrains meubles et décomposés: elle offre une bonne emprise au sol à la chaussure, même lorsque les terrains deviennent gras et les conditions humides. Pour être tout à fait exact, l’adhérence des Thundercross dans ces conditions seront un peu moindre que celle de Speedcross ou de S-lab Cross 2, mais elles s’en sortiront tout de même assez honorablement. Il n’y a que lorsque les sols deviennent vraiment très boueux et décomposés que la semelle externe commence à faire un peu défaut. Mais elles s’en sortiront toujours beaucoup mieux que des Sense Ride 5, voir même un peu mieux que des S-Lab Pulsar SG dans ce genre de contextes. Au rayon des bons points, on notera également que la terre et les débris ont tendance à assez bien s’évacuer entre les crampons et donc à peu coller sous la semelle. Bref, les Thundercross deviennent incontestablement une des meilleures alternatives chez Salomon pour courir en sous-bois, en particulier lorsque les conditions deviennent humides! 

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Mais j’ai également été assez agréablement surpris par leur comportement sur des sols plus compacts et techniques en montagne. La faible épaisseur de leurs crampons leur permet de conserver une assez bonne stabilité sur ce genre de terrains. J’ai surtout été séduit par leur grande agilité qui leur offre une pose du pied vraiment précise dans des mono-traces un peu techniques (comportant des cailloux, des racines…). Elles sont en particulier assez réactives, et parviennent à assez bien se faufiler entre les obstacles. Leur grip est par contre assez anodin sur ce genre de surfaces. Mais il a surtout tendance à fortement se détériorer lorsque les conditions deviennent humides. En réalité, le Contagrip montre – sans trop de surprises –  rapidement ses limites sur les roches humides. Le grip n’est pas plus mauvais que sur des Sense Ride 5 par exemple, mais cela en devient d’autant plus problématique ici que les Thundercross sont avant tout taillées pour évoluer sur des terrains techniques et dans des conditions hivernales…  

« J’ai surtout été séduit par leur grande agilité qui leur offre une pose du pied vraiment précise dans des mono-traces un peu techniques »

Les concepteurs de la chaussure ont par contre fait de nombreux efforts sur le plan de la protection: ils ont équipé les Thundercross de gros renforts en plastique, qui couvrent quasiment toutes les parties latérales de la chaussure et forment une barrière vraiment efficace contre les cailloux. Le pare-pierres est également assez rigide tandis que le mesh particulièrement épais permettra de protéger assez efficacement le dessus et l’avant des pieds des petites coups et obstacles (pierres, branches…). Le tableau aurait été parfait s’il ne manquait pas une petite plaque de protection sous le pied… les Thundercoss ont en effet tendance à un peu exposer la voûte plantaire, surtout à l’avant de la chaussure. On le ressent en particulier lorsqu’on évoluera sur des pierres acérées ou des sentiers comportant pas mal de racines, mais rien non plus de véritablement rédhibitoire. Il s’agit également d’un modèle qu’on pourra occasionnellement emmener sur des terrains plus alpins, mais ce n’est pas là que je l’ai trouvé le plus à l’aise. Les Thundercross pâtissent d’un trop gros manque de protection sous le pied, mais également d’un léger manque de stabilité dans ce genre de contextes très techniques pour être considérées comme de véritables chaussures de skyraces. Pour les spécialistes, il faudra assurément s’orienter vers les toutes nouvelles S-Lab Alpine que Salomon a également sorti sans trop faire de bruit! 

Une Empeigne un peu Old School, mais assez Efficace! 

La partie supérieure des Thundercross a également été assez bien réussie. Pour être tout à fait exact, j’ai eu pas mal de craintes à son sujet en recevant la paire: l’empeigne apparaît en effet assez classique, si ce n’est un peu old school, mais elle fait en réalité assez bien le job. Salomon a en fait eu recours à un mesh assez épais, qui tranche beaucoup avec les composés techniques qui sont utilisés sur la plupart des modèles trail récents, mais il a le mérite d’être assez malléable et flexible. Il enveloppe ainsi particulièrement bien les pieds durant l’effort, tout en évitant d’être contraignant. La combinaison de ce mesh assez rembourré et des nombreux renforts permet surtout à la chaussure d’offrir un maintien vraiment bon, quelque soit la technicité des terrains dans lesquels on évolue. Je l’ai surtout trouvé assez homogène, et efficace aussi bien à l’avant du pied qu’au niveau du talon. La contrepartie de ce type de mesh, c’est que la tige manque un peu de respirabilité. L’intérieur de la chaussure a en effet un peu de mal à évacuer l’humidité, surtout par temps de fortes chaleurs. Cela n’en reste pas moins un défaut mineur quand on sait que le modèle est avant tout prévu pour évoluer dans les conditions hivernales/automnales! A voir également ce que cela va donner sur le plan de la durabilité: ce que je peux affirmer, c’est qu’après 160 km d’utilisation, il n’y a aucune forme d’usure ou de détérioration à signaler au niveau de la tige! 

« Les Thundercross seront un modèle qui plaira aux athlètes qui apprécient disposer de place à l’avant et d’une certaine liberté de mouvements au niveau des orteils…et il y en a pas tant que ça chez Salomon! »

Le chausson est par ailleurs, un peu à l’image de celui des Sense Ride 5, assez minimaliste mais globalement assez confortable. Les inserts en mousse sont peu épais, mais ils permettent d’assez bien maintenir l’arrière du pied durant l’effort. La grosse réussite de la Thundercross sur le plan du confort est surtout d’offrir un fit que j’ai trouvé étonnement accueillant pour une chaussure Salomon. La partie avant de la chaussure est un poil évasée, en particulier au niveau de la boîte à orteils. Disons qu’elle est de forme assez classique, mais qu’elle tranche fortement avec celle des Sense Ride 5 qu’on avait trouvé assez fine. En tout cas, les Thundercross seront un modèle qui plaira aux athlètes qui apprécient disposer de place à l’avant et d’une certaine liberté de mouvements au niveau des orteils…et il y en a pas tant que ça chez Salomon! Mais j’ai également apprécié la forme de la coque talon, qui est elle aussi un peu plus évasée que celle des Sense Ride, ce qui évitera de créer d’éventuelles tensions avec le talon et/ou le tendon d’achille durant l’effort. Ma seule déception proviendra finalement de la languette: la combinaison du système de laçage Quicklace et de ses tissus particulièrement épais ne constitue pas une franche réussite. J’ai trouvé qu’il était difficile de trouver le niveau de serrage adéquat, si ce n’est que cela pouvait créer quelques tensions au niveau du coup de pied et des releveurs… mais rien de véritablement bien méchant. Les Thundercoss comportent en réalité quelques petits défauts, ça et là, qui ne viennent en rien entacher la qualité globale des chaussures. Il est surtout fort à parier que la plupart des athlètes seront prêts à composer avec, compte tenu du prix relativement accessible du modèle, surtout par ces temps d’inflation des chaussures de trail… Gageons même que, en raison de leur polyvalence assumée, les Thundercoss vont devenir la nouvelle référence “grand public” de la marque! 

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Hommes Drop: 4 mm Poids: 290 g Hauteur Talon: 31 mm Fit: Standard Catégorie: Terrains Accidentés/Montagne Usages: Toutes Distances/ Tous les Terrains Techniques (Meubles & Compacts/Rocailleux). Prix: 140 euros

Femmes Drop: 4 mm Poids: 256 g Hauteur Talon: 31 mm Fit: Standard Catégorie: Terrains Accidentés/Montagne Usages: Toutes Distances/ Tous les Terrains Techniques (Meubles & Compacts/Rocailleux). Prix: 140 euros

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