Inov-8 élargit sa gamme de chaussures TrailFly – dédiée aux formats longs et aux ultras – en sortant la TrailFly Ultra G 280, un modèle qui se veut être une version améliorée de la TrailFly Ultra G 300 devenue pourtant en quelques mois la nouvelle référence de la marque britannique. D’importantes retouches ont en effet été apportées, tant au niveau de la semelle intermédiaire que de l’empeigne, même si l’ADN du modèle – accrocheur, polyvalent & confortable – a été conservé. Ses concepteurs ont en réalité cherché à s’appuyer sur les composants (semelle externe en graphène, technologie Adapter Flex…) qui constituaient les points forts de l’Ultra G 300, tout en modifiant ceux qui constituaient ses (petits) défauts (mousse assez compacte, mesh assez old school…). Ils ont surtout choisi d’équiper la chaussure d’une mousse en azote, ce qui représente un petit tournant pour la marque britannique qui semblait ces dernières années résolument se tourner vers le tout graphène, même pour équiper ses semelles intermédiaires… Un pari qui s’avère pourtant payant: l’alliage entre graphène (semelle externe) et azote (semelle intermédiaire) s’affirme en effet comme une franche réussite et permet à Inov-8 de proposer l’un des modèles pour ultras du marché offrant l’un des meilleurs compromis entre amorti et accroche!  

En Résumé

La Mousse en Azote: L’Amorti vraiment Amélioré! 

La grosse innovation de la Trailfly Ultra G 280 a trait à sa semelle intermédiaire. Inov-8 a en effet choisi d’équiper sa nouvelle chaussure du composé Flyspeed qui contient de l’azote infusé. L’idée du côté de la marque britannique est clairement annoncée : améliorer les qualités d’amorti de la Trailfly et ainsi offrir un soutien encore plus durable aux athlètes au fil des kilomètres. Inov-8 précise d’ailleurs que des tests réalisés montrent que la mousse Flyspeed restitue 65% à 68% de l’énergie dépensée, contre seulement 45 à 48% pour une semelle intermédiaire classique! Et, sur le terrain, cela se vérifie immédiatement : la TrailFly Ultra G 280 offre effectivement un rebond un peu plus fort, mais surtout plus moelleux, en comparaison de sa grande sœur. La Trailfly Ultra G 300 – qui est équipée d’une mousse en graphène – propose en effet de son côté un amorti assez modéré et compact, qui peut apparaître assez exigeant et contraignant sur les gros ultras, notamment en fin de parcours.  

Mais je crois que le tour de force d’Inov-8 est d’avoir améliorer l’amorti de sa chaussure tout en la préservant de sensations qui seraient un peu trop maximalistes (ce qui aurait sans doute un peu désarçonné les habitués de la marque). Le profil de semelle a certes été relevé par rapport à la Trailfly Ultra G 300 (on passe de 25 mm au talon à 33 mm), sans doute pour laisser la place à la mousse en azote, mais on n’a pas forcément l’impression d’être très haut perché lorsqu’on court. J’ai trouvé qu’on était encore par exemple assez loin du rebond ultra doux et généreux que peut offrir une Brooks Caldera 6, autre modèle pour ultras du marché possédant une mousse en azote, ou encore des sensations que peuvent offrir les Hoka Speedgoat 5, parmi certains des modèles testés récemment. Sans doute que la mousse de l’Inov-8 Trailfly G 280 est un peu moins dense et/ou épaisse que sur ces autres modèles, ce qui permet de conserver des sensations un tant soit peu naturelles... ou, tout du moins, d’offrir une foulée qui n’est pas aussi “artificielle” et soutenue que sur des modèles typiquement maximalistes. C’est, à mon avis, un très bon compromis et des sensations qui devraient convenir au plus grand nombre d’athlètes, quel que soit leur profil. A cet égard, je pense que c’est le modèle d’Inov-8 qui conviendra sans doute le mieux aux coureurs lourds! 

« Le tour de force d’Inov-8 est d’avoir améliorer l’amorti de sa chaussure tout en la préservant de sensations qui seraient un peu trop maximalistes !« 

Si les concepteurs de cette nouvelle version ont choisi de radicalement changer le composant de sa semelle intermédiaire par rapport à la Trailfly Ultra G 300, ils ont toutefois eu la bonne idée de conserver son profil de semelle, notamment ses incurvations. La version 280 possède en effet, comme sa grande sœur, un double rocker, cette incurvation de la semelle présente à la fois à l’avant et à l’arrière de la chaussure, ce qui lui donne un peu plus de dynamisme dans les sections roulantes. Cette incurvation est surtout très accentuée par la technologie Adapter Flex, elle aussi reprise à la TrailFly G 300, qui offre encore plus de fléxibilité à la chaussure et à la foulée: cette rainure de 8 mm de profondeur creusée dans la semelle extérieure permet en effet à la chaussure de se fléchir plus facilement et ainsi de se s’adapter d’autant mieux aux irrégularités du terrain. Combinée à la mousse en azote, elle offre un retour d’énergie assez naturel et contribue ainsi à accroître la mobilité du pied et de la cheville durant l’effort. Bref, on retrouve sensiblement le même (léger) dynamisme que sur la Traifly Ultra 300… ce qui permet à la TrailFly Ultra G 280 – un peu comme sa grande sœur – de convenir à un spectre assez large de distances et de formats: Si ses distances de prédilection constituent assurément les ultras autour de 100 km, jusqu’à 100 miles, c’est une chaussure que je n’hésiterais pas à emmener également sur des formats bien inférieurs (à partir de 50-60 km?) grâce à sa légèreté et son dynamisme. En complément, c’est un modèle qui s’exprime aussi bien sur les formats roulants (se déroulant en plaine, avec peu de dénivelé…) que sur des compétitions plus accidentées (se déroulant en montagne et comportant du dénivelé…). C’était déjà le cas pour la Trailfly Ultra G 300, mais cette polyvalence est, me semble-t-il, encore plus prononcée sur cette nouvelle version! 

La Nouvelle Empeigne: Un Résultat un peu Ambivalent 

De nombreux efforts ont également été entrepris par Inov-8 pour améliorer la partie supérieure de sa nouvelle chaussure. La tige de la Trailfly Ultra G 280 est en effet équipée d’un mesh en tricot qui semble beaucoup plus technique que celui, assez classique, qui équipe la version Ultra G 300. Avec ce changement, on gagne sur pas mal d’éléments… mais on en perd également sur d’autres! La nouvelle empeigne apparaît tout d’abord plus légère et respirante que celle de la TrailFly Ultra 300. Ce changement de composé est sans doute ce qui explique en grande partie le gain de poids – d’environ 20 grammes – entre les deux modèles. J’ai également trouvé cette nouvelle empeigne beaucoup plus aérée et respirante, ce qui s’avère être un atout indéniable sur le plan du confort au fil des heures. Mais son plus gros atout est assurément d’offrir de plus grandes qualités de maintien durant l’effort: le nouveau mesh utilisé est en effet assez dense, mais possède surtout des propriétés élastiques qui lui permettent de particulièrement bien envelopper le pied, et ce de façon assez homogène. Je trouve que c’est surtout le cas au niveau du médio pied ou encore sur le dessus de la chaussure. La languette a d’ailleurs été intelligemment rembourrée par rapport à la version TrailFly 300 et apparaît d’autant plus agréable à porter. Bref, c’était un peu le point faible de l’ancienne version et la marque a su intelligemment le corriger… tout en conservant les traits distinctifs du modèle sur le plan du chaussant. Comme sa grande sœur, la Trailfly G 280 possède en effet un fit large (indice de 5 sur une échelle de 5) et une toe box assez évasée, de quoi offrir un maximum de confort au fil des kilomètres… et ainsi convenir aussi bien aux pieds standards qu’à ceux plus forts! 

« Le nouveau mesh utilisé est assez dense, mais possède surtout des propriétés élastiques qui lui permettent de particulièrement bien envelopper le pied, et ce de façon assez homogène. »

Mais si elle contribue à améliorer ses qualités de maintien, l’introduction de cette nouvelle tige plus technique fait d’un autre côté perdre à la chaussure un peu en capacités de protection. Les bandes thermocollées, qui ornaient l’empeigne de la Traifly G 300, ont disparu sur la nouvelle version sur laquelle seules des coutures renforcées font office d’éléments de protection contre les obstacles. Elles sont certes judicieusement placées mais c’est tout de même un peu juste: je les ai trouvé beaucoup moins efficaces que des bandes en TPU plus classiques. C’est en fait suffisant contre des petits obstacles (branches, petits cailloux…), beaucoup moins contre des rochers. J’ai également été déçu par le fait que le pare-pierre ait été aminci… Au final, l’empeigne apparaît assez épaisse mais n’est pas munie de suffisamment d’éléments de protection pour protéger efficacement les pieds des coups, ce qui de fait limite l’usage des Trailfly Ultra G 280 sur les terrains très accidentés et/ou escarpés. Bref, on perd assurément sur ce plan par rapport à la version G 300 que je n’hésitais pas à emmener en haute montagne, dans des sections assez rocailleuses! Dernier élément à mettre au débit de la nouvelle tige: elle s’imprègne très facilement d’eau lorsqu’on court par temps humide et/ou qu’on passe dans des flaques/ruisseaux… cela peut paraître anodin mais elle s’alourdit alors assez nettement et met surtout beaucoup de temps à sécher, ce qui à mon avis complique un peu l’usage de la chaussure dans les conditions hivernales/humides! 

La Semelle en Graphène : On ne Change pas un Composant aussi Performant! 

Aucune surprise n’est par contre à signaler du côté de la semelle externe: la Trailfly Ultra 280 est logiquement équipée du composé en graphène qui fait la réputation de la marque et que cette dernière utilise sur de plus en plus de modèles. Si le matériau semble rare et donc cher (ce qui explique le coût assez élevé des modèles qui en sont équipés!), le graphène – présenté par la marque comme étant le « matériau le plus résistant » au monde! – offre l’avantage d’avoir un grip à la fois très efficace et polyvalent tout en rendant les semelles extérieures particulièrement durables. La semelle extérieure a en fait été reprise à l’identique par rapport à la version Traifly 300: on retrouve les crampons de 4 mm d’épaisseur, assez équitablement répartis sur toute la surface de la semelle, qui sont complétés par des petites rainures transversales. C’est une configuration qui offre tout d’abord une très bonne adhérence sur les sols meubles (types sous-bois, bordures de champs…), notamment lorsque les conditions sont sèches. La semelle en graphène s’en sort également honorablement sur les terrains plus gras et boueux, les rainures creusées permettant d’assez bien évacuer les différentes sortes de débris.

« Les petites aspérités dessinées à la surface des crampons offrent à la semelle une grande adhérence sur les sols rocailleux et apportent une réelle valeur ajoutée par temps humide« 

Mais la force du Graphen Grip d’Inov-8 est de se comporter tout aussi bien sur les sols compacts, en particulier ceux acérés et rocailleux. Les petites aspérités dessinées à la surface des crampons offrent à la semelle une grande adhérence sur ce type de sols et apportent une réelle valeur ajoutée par temps humide : même sur les roches mouillées, la semelle accroche particulièrement bien, au moins durant les premières centaines de kilomètres d’utilisation! Pour avoir couru intensément avec la TrailFly Ultra 300 et la Roclite G 275 ces derniers mois, j’ai remarqué que le grip de la semelle était vraiment excellent durant les premiers mois d’utilisation, jusqu’à environ 400 km d’utilisation, avant que les petites bulles dessinées sur les crampons ne s’effacent… l’accroche des chaussures se resitue alors un peu plus dans la moyenne du marché, ce qui n’empêche pas de pouvoir l’utiliser encore des centaines de kilomètres. Bref, comme pour la Trailfly Ultra 300, la semelle en graphène constitue assurément une valeur sûre, à la fois du point de vue de la polyvalence et de la durabilité. A noter tout de même, au rayon des (petits) défauts, que des débris (notamment des cailloux…) ont tendance à assez facilement se coincer à l’intérieur de la grosse entaille (Adapter Flex)… ce qui contraint parfois à s’arrêter pour devoir les enlever. Rien de bien méchant, même si cela peut se révéler un poil agaçant lors de certaines sorties longues! 

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