Les Salomon Genesis disposent déjà d’un bon petit palmarès en 2022 – après la victoire de Courtney Dauwalter sur le Grand Raid ou encore la seconde place de Mathieu Blanchard sur l’UTMB – et d’une renommée que très peu de modèles ont eu avant même leur sortie au cours de la (petite) histoire des chaussures de trail. Il faut dire que les Genesis sont un pari véritablement osé : petit concentré de technologies (tige Matryx, semelle intermédiaire Energy Foam…), elles offrent un compromis entre confort, protection et agilité à bien des égards inédit sur le marché… tout en détonnant par leur look ! Taillées pour les formats longs/ultras en montagne tout en étant très à l’aise dans le (très) technique, elles viennent boucher un angle mort au sein de la gamme S-Lab, voire plus largement au sein de la collection trail de la marque annecienne. Bref, une chaussure véritablement séduisante et originale, qui a de quoi convenir à un panel assez large d’athlètes… à condition de la considérer pour ce qu’elle est, de ne pas tomber dans une certaine branchitude et donc de ne pas la détourner de son usage d’origine !

En Résumé

De Gros Efforts sur le Plan du Confort… mais une Chaussure qui en devient presque Contraignante ?

Les Salomon S-Lab Genesis brillent avant tout par leurs qualités de confort. Dès les premières utilisations, on entrevoit les nombreux efforts qui ont été entrepris par ses concepteurs pour en faire de véritables chaussons. Il s’agit même, pour ma part, sans doute d’un des modèles dans lequel je me suis senti le plus à l’aise, même après des heures d’efforts. Le choix de recourir à une empeigne Matryx unibody (« tout en un ») y est clairement pour beaucoup. Ses concepteurs ont en effet choisi de recourir à la technologie Matryx Micro (qu’on retrouve par exemple sur la Evadict Race Light ou encore sur la Hoka Speedgoat Evo) dont le tissu est plus fin et respirant que celui qui équipe par exemple les S-Lab Pulsar SG (Matryx Evo). Le maintien du pied est ainsi vraiment optimal, que ce soit sur les côtés ou sur le dessus, tout en conservant une certaine liberté (qu’il n’y a pas sur les S-Lab Pulsar notamment). Le fait que la tige et la languette soient collées et thermosoudées permet surtout une connexion totale entre le pied et la chaussure et ainsi de limiter les pertes d’énergie au cours de la foulée, quelle que soit la technicité des terrains. Bref, un avantage autant sur le plan du confort que de la performance. La mini-guêtre, assez fine et particulièrement élastique, vient par ailleurs très bien entourer le bas de la cheville et la stabiliser. Mais j’ai également trouvé l’intérieur de la chaussure particulièrement soigné : le manchon Endofit vient très bien envelopper le pied durant l’effort et ses tissus sont très agréables au toucher. Les concepteurs de la Genesis ont également choisi de rembourrer la languette d’une mousse assez épaisse qui vient bien maintenir le dessus du pied tout en le protégeant d’éventuels chocs. L’intention est louable mais s’en est en fait presque un peu trop…

Car la Genesis a, sur ce plan, un peu les défauts de ses qualités. A force de vouloir en faire de véritables chaussons, Salomon les a rendu un poil contraignantes pour les pieds, que ce soit sur le dessus ou même en dessous. Sur le dessus, j’ai tout d’abord trouvé la languette un peu trop épaisse et rembourrée pour au final être plus compressive qu’enveloppante. La chaussure m’a ainsi pas mal irrité les releveurs lors des premières utilisations et créé pas mal de tensions au niveau des extenseurs ce qui est toujours un peu dommageable… le haut de la languette vient également un peu comprimer le bas de la cheville dans les montées. Ces douleurs se sont progressivement altérées, pour heureusement disparaitre totalement, le temps que le pied se « fasse » et s’adapte à la chaussure. Car sur le marché, il existe en réalité deux types de chaussures, celles qui s’adaptent aux pieds et celles qui les contraignent et les Genesis font assurément partie de cette seconde catégorie en dépit de ses nombreuses qualités de confort. Je dois toutefois préciser que j’ai le pied un peu fort, notamment sur sa partie supérieure, ce qui explique sans doute ces tensions… et c’est globalement un modèle qui – à l’instar de toutes les S-Lab – conviendra surtout aux pieds fins à standards, la Genesis ne faisant malheureusement pas exception à cette tradition…

« Le fait que la tige et la languette soient collées et thermosoudées permet une connexion totale entre le pied et la chaussure et ainsi de limiter les pertes d’énergie au cours de la foulée. »

On retrouve un peu cette même logique sur la partie inférieure de la chaussure : le choix de recourir en partie à de l’oléfine – matériau assez compact et robuste – pour constituer la semelle intermédiaire explique sans doute la relative rigidité de la chaussure. On sent la volonté de « filtrer » le terrain et d’apporter de la protection aux athlètes mais, là aussi, j’ai trouvé la Genesis un peu contraignante pour le dessous du pied et plus largement pour la foulée qui est de fait rendue assez artificielle. En conséquence, c’est une chaussure que je déconseillerais aux athlètes qui apprécient un tant soit peu avoir une foulée assez naturelle et/ou laisser leurs pieds disposer d’une grande liberté durant l’effort ! Elles font, sur ce plan, assez pâle figure à côté des Nnormal Kjerag (test en cours!)…

Un Modèle pour les Formats Longs et Techniques, voire les Offs !

Mais sans doute que ma légère déception provient du fait que je n’ai pas forcément considéré la Genesis pour ce qu’elle était, en particulier pour les distances et les terrains pour lesquels elle était destinée. Car, ne nous y trompons pas, la S-Lab Genesis est un modèle surtout taillé pour les longues distances en montagne, notamment sur les terrains modérément à très techniques. Pour les autres terrains, la S-Lab Ultra 3 – plus polyvalente – conviendra beaucoup mieux. Car la Genesis est surtout faite pour le dénivelé. J’ai en effet trouvé son amorti plutôt modéré et assez dur. Il est par ailleurs surtout localisé au niveau du talon. Bref, c’est une chaussure qui n’est pas véritablement faite pour évoluer sur des sections roulantes où elle a tendance à « taper » un peu et à progressivement engendrer des tensions au niveau de la voute plantaire ou du tendon d’achille. Elle est en réalité surtout adaptée à un rythme de rando-course et plus largement aux parcours où la part de marche est assez importante. Ce n’est pas pour autant qu’elle ne réagit pas bien lorsqu’on court, loin de là : j’ai trouvé la Genesis particulièrement légère (seulement 258 g !) et dynamique pour une chaussure de sa catégorie (les La Sportiva Akasha II ou les Hoka Mafate Speed 4 sont par exemple bien plus lourdes…). Elles sont même étonnement agiles dans le technique : ses concepteurs ont eu la bonne idée d’affiner sa morphologie à l’avant pour l’aider à se faufiler entre les obstacles. Il me semble également que les deux grosses bandes thermocollées carrées situées à l’arrière de la tige doivent un peu jouer le rôle de barres de torsion en aidant la chaussure à se fléchir plus facilement dans sa longueur. Les Salomon Genesis possèdent par ailleurs un stack assez haut (30 mm au talon) mais ses concepteurs ont toutefois réussi à faire d’elles un modèle qui favorise assez bien le travail de proprioception, et c’est assez rare sur le marché. On a en fait un subtil mélange entre, d’un côté, la volonté de procurer du soutien et un minimum de rebond aux athlètes et, de l’autre, celui de conserver une chaussure relativement agile et dynamique dans le technique.

« Les Salomon Genesis possèdent un stack assez haut mais ses concepteurs ont toutefois réussi à faire d’elles un modèle qui favorise assez bien le travail de proprioception, et c’est assez rare sur le marché! »

Toutes ces qualités permettent en réalité aux Genesis de convenir à un spectre assez large de distances, des formats assez intermédiaires (je dirais à partir de 60 km) jusqu’aux (gros) ultras en montagne. Pour les coureurs lambdas comme moi, la chaussure exprimera me semble t-il tout son potentiel sur des formats autour de 80 à 100 km. Je la vois par exemple comme un choix de prédilection sur des courses comme le 90 km du Mont Blanc ou encore la Maxi-Race. Elle conviendra également sur les 100 miles tant qu’il n’y pas trop de parties roulantes, son amorti restant assez modéré et la chaussure étant au final assez exigeante. Au regard de leurs qualités de confort et de maintien, je les considère également comme d’excellentes chaussures pour les « offs » et/ ou les courses par étapes. C’est une chaussure qu’on aura en effet aucune difficulté à rechausser le lendemain d’une grosse étape en montagne et c’est suffisamment rare pour être signalé. Elle apporte par ailleurs de nombreuses garanties sur le plan de la durabilité : on ne présente plus la résistance de la tige Matryx, d’autant que le modèle employé ici – le Matryx Micro – incorpore des fils en Kevlar (en jaune) qui viennent encore plus renforcer la résistance et la longévité du mesh. Le reste des éléments de protection (notamment les bandes en plastique thermocollées…) m’ont également l’air particulièrement soignés et la semelle extérieure Contagrip a déjà fait ses preuves en la matière sur d’autres modèles !

Une Accroche assez Polyvalente & une Protection à toute Epreuve

Au fil des kilomètres, les S-Lab Genesis apparaissent comme un modèle capable d’évoluer sur différents terrains et contextes en montagne, grâce autant à leurs qualités d’accroche que de protection. J’ai tout d’abord plutôt été séduit par leur accroche assez polyvalente. La dernière-née des S-Lab est – sans surprises – équipée du composant All Terrain Contagrip avec des crampons assez proéminents de 4,5 mm d’épaisseur. La volonté a clairement été d’adapter la chaussure à différents types de terrains, qu’ils soient meubles et assez instables, ou bien plus compacts et acérés. J’ai toutefois trouvé que la Genesis se comportait un peu mieux sur les sols durs et notamment rocailleux. Les crampons de la semelle externe sont en effet assez ronds et suffisamment denses pour s’adapter aux irrégularités des terrains assez rocailleux, le grip du composant Contagrip étant par ailleurs plutôt bon sur ce genre de surfaces. Certains des crampons ont par ailleurs été dédoublés (notamment sur les côtés) ce qui permet à la semelle de s’adapter assez bien aux aspérités du terrain et d’offrir ainsi à la chaussure une très bonne stabilité sur ce genre de terrains. On pourra cependant simplement regretter que son grip se détériore un peu plus que d’autres composants de semelles extérieures (je pense notamment au graphène de Inov-8 ou au caoutchouc Continental d’Adidas…) lorsque les conditions deviennent humides… Les Genesis s’en sortent également bien sur les sols meubles (types sous-bois…). Ses concepteurs ont eu la bonne idée de surdimensionner le talon de sorte à offrir à la chaussure une grande emprise au sol lorsque les terrains deviennent plus instables… J’ai toutefois été un peu déçu par leur attitude sur les sols plus gras et boueux où les Genesis ont un peu moins d’assise. Les crampons se révèlent ici à la fois insuffisamment épais et espacés pour évacuer les débris…

« Les deux plaques épaisses (noires) situées de part et d’autre de la tige s’avèrent être des boucliers très utiles pour les deux parties assez fragiles et exposées que sont les malléoles, en particulier lorsqu’on évolue sur des terrains rocailleux! »

Je serais par contre plus élogieux concernant les qualités de protection de la Genesis. C’est une chaussure qui n’a pour ainsi dire que très peu d’angles morts sur ce plan et c’est assurément un vrai exploit compte tenu de sa légèreté. Pour le dire autrement, les modèles qui présentent des caractéristiques similaires en la matière pèsent souvent au minimum 50 grammes de plus… si ce n’est parfois 100 grammes ! La protection est en fait vraiment excellente à l’arrière : les deux plaques épaisses (noires) situées de part et d’autre de la tige – qui font l’authenticité de la chaussure sur le plan du look – s’avèrent surtout être des boucliers très utiles pour les deux parties assez fragiles et exposées que sont les malléoles (interne et externe), en particulier lorsqu’on évolue sur des terrains assez accidentés et rocailleux. Les bandes en plastique plus fines viennent compléter ce dispositif et permettent de protéger l’arrière du pied de différentes sortes de débris et d’obstacles. A l’avant, le pare-pierre s’avère particulièrement épais et rigide et la languette suffisamment rembourrée pour protéger le dessus du pied des chocs. Bref, on peut partir s’aventurer avec dans Belledonne assez serein… c’est dire ! J’ai enfin apprécié la mini guêtre qui, comme sur la S-Pulsar SG ou la Pulsar Trail Pro, s’avère surtout utile sur les sols plus décomposés en jouant le rôle de collier anti-débris. Elle a surtout l’avantage de ne pas provoquer de frottements sur l’arrière de la cheville et donc d’être particulièrement agréable à porter. Bref, avec les Genesis, les pieds sont aussi bien protégés des chocs, sur des terrains assez accidentés en haute montagne, que préservés des intrusions sur des terrains plus meubles typiques de la moyenne montagne ! 

Vidéo de Présentation

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Hommes & Femmes Drop: 8 mm Poids: 258 g Hauteur Talon: 30 mm Fit: Standard Catégorie: Terrains Accidentés/Montagne Usages: Distances Intermédiaires jusqu’aux Ultras, les « Offs »/ Terrains Moyennement à très Techniques (Compacts & Meubles). Prix: 190 euros

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