Test des Altra Mont Blanc Carbon

Publié le 29 avril 202413 mai 2024 par admin

En ce début d’année 2024, Altra a décidé de franchir le pas et de sortir également sa première chaussure de trail à plaque carbone. Comme son nom l’indique, la Mont Blanc Carbon s’inspire assez largement de la Mont Blanc – qu’elle va progressivement remplacer -, mais tout en intégrant une plaque en carbone Carbitex à l’intérieur de sa semelle intermédiaire. Les changements vont même plus loin puisque Altra a également fait le choix de donner un peu plus de châssis à la tige de la chaussure, ou encore d’affiner (un peu) sa toe box. Des changements ont aussi été apportés au niveau de la semelle extérieure. Qu’on se le dise, la Mont Blanc Carbon n’est pas une Mont Blanc bis, mais bien un tout nouveau modèle qui risque d’avoir autant d’adeptes que de détracteurs. La Mont Blanc Carbon gagne en effet résolument en réactivité et en qualités de maintien, mais perd de l’autre un peu en confort et en accroche. Le modèle devient en fait un peu plus exigeant et élitiste… à l’image des autres supershoes du marché!

En Résumé

Drop: 0 mm
Poids: 244/227 g
Hauteur Talon: 29 mm
Fit: Large
Plaque: Carbone (Carbitex)
Catégorie: Plaque Carbone
Usages: Toutes Distances/Terrains Peu à Moyennement Techniques (Compacts & Meubles)
Types de Pieds: Standards à Larges
Poids Athlètes: Légers à Intermédiaires
Rythmes: Rapides à Modérés
Type(s) de Pratiques: Des Formats 30-40 km aux Trails Longs (voir les petits Ultras)/ Chaussure entièrement orientée « Perf » & Compétitions
Points Forts: 1° Le bon Compromis entre Réactivité (Plaque Carbone) & Amorti (les Deux Mousses)
2° La Tige un peu plus Rigide/Structurée & le Maintien Amélioré à l’Arrière
3° La Capacité de la Chaussure à Conserver une assez bonne Stabilité (en dépit de la Plaque)
4° L’Amélioration de la Durabilité de l’Empeigne (notamment à l’Arrière)
5° Le Gain en Dynamisme & en Fluidité par rapport à la précédente Version
Points Faibles: 1° La perte d’Accroche sur Terrains (très) Gras & Boueux
2° La Toe Box Affinée (notamment en hauteur)
3° Une Chaussure qui devient plus Exigeante et Elitiste (Fatigue, Tensions Musculaires…)
4° La Protection très Faible sur les Parois Latérales

Sommaire

1/ Une Chaussure qui devient plus Réactive… et moins Typée Trails Longs!

2/ Un Modèle qui demeure Taillé pour le pas trop Technique

3/ L’Empeigne: Plus de Structure à l’Arrière… mais un poil moins d’Espace à l’Avant!

4/ Vidéo de Présentation

5/ Où se les Procurer?

Une Chaussure qui devient plus Réactive… et moins Typée Trails Longs!

Beaucoup de changements ont été effectués au niveau de la semelle intermédiaire par rapport à la Mont Blanc. La modification la plus évidente concerne bien évidemment l’introduction d’une plaque en carbone. Mais Altra n’a pas choisi n’importe quel composé puisqu’elle a opté pour une plaque Carbitex, qui est assurément la plus réputée du marché. Il s’agit, pour faire simple, d’une plaque en carbone qui a le mérite d’être un peu plus flexible que les autres composés du marché, et ainsi d’induire un peu moins d’instabilité et de rigidité au cours de la foulée. Vous l’aurez compris, sa présence est ce qui explique en partie le prix assez élevé du modèle! Au rayon des spécificités, on notera également que la plaque est disposée sur toute la longueur de la chaussure, ce qui tranche avec la tendance à adopter des plaques en forme de fourche (ou de tridents), qu’on retrouve sur de plus en plus de modèles (comme les The North Face Vectiv Pro 2, les Adidas Terrex Speed Ultra…). Mais on ne saurait réduire les changements apportés au niveau du midsole à l’arrivée de la plaque carbone. Altra a également choisi de changer les autres composés. La semelle intermédiaire comporte désormais deux types de mousses: l’Altra Ego Max a été conservé au niveau des bords extérieurs, mais la marque a en revanche introduit l’Altra Ego Pro – un nouveau composé – au centre de la chaussure. Il s’agit d’une mousse qui a notamment pour particularité d’être assez légère et peu dense. Au rayon des changements, on notera enfin que le profil de semelle a été légèrement abaissé, de 1 mm, pour atteindre désormais les 29 mm, que ce soit à l’arrière ou à l’avant… rien de plus logique pour un modèle à drop 0!

« Alors que la Mont Blanc était une chaussure plutôt typée trails longs, la version Carbon devient de son côté beaucoup plus adaptée à des formats intermédiaires et à des rythmes de courses modérés! »

Et tous ces changements effectués au niveau de la semelle intermédiaire ont bien évidemment des répercussions sur les sensations des athlètes. La Mont Blanc Carbon devient désormais une chaussure qui offre avant tout un bon compromis entre dynamisme et amorti. Le principal changement, c’est qu’on sent bien évidemment l’effet de la plaque en carbone, qui apporte de la réactivité à la foulée. On est plus facilement porté vers l’avant, et la chaussure privilégie dorénavant beaucoup plus une attaque au niveau du médio-pied. Les utilisateurs des anciennes Mont Blanc seront assez surpris dès les premières foulées. Mais l’effet de la plaque est par ailleurs contrebalancé par le rôle des deux mousses – Ego Pro & Ego Max – qui apportent de leur côté du soutien et du rebond sous le pied. Le toucher en devient de fait un peu plus rigide, en tout cas par rapport à l’ancienne version de la chaussure qui proposait un coussin assez moelleux. Mais Altra a eu la bonne idée d’opter pour une plaque en Carbitex, ce qui fait que les sensations n’en deviennent pas non plus trop rigides, comme cela peut être le cas avec d’autres modèles carbone.

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Au-delà des changements sur le plan des sensations, la Mont Blanc Carbon devient surtout taillée pour de nouveaux rythmes de course. Alors que la Mont Blanc était une chaussure plutôt typée trails longs, la version Carbon devient de son côté beaucoup plus adaptée à des formats intermédiaires et à des rythmes de courses modérés. On l’a dit, c’est une chaussure qui désormais facilite beaucoup plus une foulée dynamique et devient ainsi adaptée à des rythmes de courses assez élevés. Il y a bien évidemment l’effet de la plaque carbone, mais la réduction du poids de la chaussure y est également pour beaucoup: le modèle a en effet vu son poids se réduire d’environ 20 grammes et atteindre désormais les 244 grammes… soit un poids inférieur à une Superior 6 (le modèle qui était jusqu’ici le plus léger de la marque)! Et cela se ressent sur le terrain: j’ai même trouvé les Mont Blanc Carbon assez à l’aise lors des séances intenses effectuées sur des rythmes actifs (fartlecks, fractionnés…). Je les ai en fait surtout appréciées lorsque les rythmes étaient assez modérés. Par contre, je les ai trouvées un peu plus inadaptées à des sorties longues et à des rythmes de rando-courses. La version Carbon apparaît surtout plus exigeante que ce que ne pouvaient l’être les anciennes Mont Blanc sur ce genre de sorties: il devient plus difficile d’attaquer au niveau du talon, et des tensions apparaissent plus rapidement au niveau du mollet et du tendon d’achille au fil des kilomètres. Rien de plus logique compte tenu de la réduction du midsole et de la place que prend désormais la plaque! Bref, pour le dire autrement, la Mont Blanc Carbone devient un modèle surtout taillé pour les distances intermédiaires, autour du marathon et jusqu’aux 60-70 km. Il faudra en revanche clairement avoir du “pied” et le gabarit vraiment léger pour pouvoir les emmener sur des trails longs et en particulier sur ultras!

Un Modèle qui demeure Taillé pour le pas trop Technique

Altra a également opéré quelques changements au niveau de la semelle extérieure de sa chaussure. Comme la Mont Blanc “classique”, la version Carbon demeure équipée du très réputé Vibram Megagrip. Altra a par ailleurs continué d’opter pour la version Litebase du composé, en l’occurrence sa déclinaison plus légère et amincie, dans un double but d’optimisation du poids de la chaussure, mais également de la foulée des athlètes. Mais quelques modifications ont toutefois été apportées aux dessins et à la configuration des crampons: ces derniers deviennent tout d’abord un peu moins proéminents que sur l’ancienne version (la marque ne précisant pas leur épaisseur exacte). Ils deviennent par ailleurs un peu plus plats et moins densément répartis. On notera enfin que les creux dessinés à la surface de la semelle sont un peu moins nombreux et épais que ce qu’ils ne pouvaient l’être sur l’ancienne version. Bref, sur le terrain, on le ressent assez rapidement… surtout lorsque la météo devient humide! Les Mont Blanc Carbon ont un peu perdu en adhérence sur sols gras et leur accroche en devient de fait un peu moins polyvalente. C’est en réalité surtout sur les terrains assez décomposés et boueux que la différence se fait le plus ressentir: là où les Mont Blanc “classiques” offraient une bonne emprise au sol, la version Carbon devient beaucoup moins à l’aise. Altra a en fait cherché à rendre les Mont Blanc Carbon beaucoup plus adaptées aux sols compacts, contextes dans lesquels la chaussure a assurément gagné en fluidité et en vitesse. De fait, il faudra dorénavant se tourner vers des Timp 5 (voir des Olympus 5) pour bénéficier d’un modèle pour le long véritablement adapté aux terrains gras chez Altra!

« Altra a cherché à rendre les Mont Blanc Carbon beaucoup plus adaptées aux sols compacts, contextes dans lesquels la chaussure a assurément gagné en fluidité et en vitesse »

Là où la filiation est la plus évidente avec les anciennes Mont Blanc, c’est que cette version Carbon continue d’être une chaussure globalement taillée pour les terrains pas trop techniques. On pourra de fait difficilement l’emmener dans des contextes accidentés… rien de plus logique pour un modèle à plaque carbone! Ces limites, la Mont Blanc Carbon la doit tout d’abord à ses faibles performances sur le plan de la protection. Sa tige hyper minimaliste offre en effet très peu de garanties sur ce plan et a tendance à exposer très facilement les pieds aux obstacles et aux coups. C’est particulièrement le cas à l’arrière… j’ai en revanche apprécié le pare-pierre assez étendu, qui forme une barrière assez efficace pour les orteils. Mais la Mont Blanc Carbon est également une chaussure qui peut assez facilement perdre en stabilité lorsqu’on l’emmène dans des monotraces comportant pas mal de cailloux et de racines. Là aussi, c’est un peu le lot des modèles à plaque. Mais il faut tout de même avouer que la Mont Blanc Carbon s’en sort bien mieux que la plupart des modèles du genre: on voit en fait tout l’effet du composé Carbitex – plus flexible et moins rigide que les autres plaques – qui permet à la chaussure de conserver une tenue assez honorable dans de ce genre de contextes moyennement techniques. Autrement dit, la Mont Blanc Carbon fait partie des rares chaussures à plaque carbone qu’on pourra emmener relativement sereinement en montagne ou dans des contextes un peu techniques… et ce sans risquer de se faire la cheville. Elle n’en reste pas moins une chaussure qui exprimera le mieux son potentiel sur les terrains roulants et peu techniques, ou encore dans du vallonné !

L’Empeigne: Plus de Structure à l’Arrière… mais un poil moins d’Espace à l’Avant!

Altra en enfin choisi d’opéré de nombreux changements au niveau de la partie supérieure de sa chaussure. Disons-le d’emblée, la Mont Blanc Carbon conserve une tige vraiment fine et minimaliste, qui tranche avec celles plus épaisses et rembourrées des autres modèles trail d’Altra. Là aussi, on comprend que la marque a privilégié une logique de gain de poids, en optant pour des composés hyper techniques et fins. Pour être tout à fait précis, la partie avant (en rose/orange) continue d’être constituée d’une sorte de mesh assez malléable, tandis que la partie arrière est composée d’un matériau synthétique plus rigide. La principale nouveauté sur ces Mont Blanc Carbon, c’est que la partie arrière devient un peu plus structurée et rigide qu’elle ne l’est sur la Mont Blanc “classique”: le col devient plus rembourré et les tissus un peu plus rigides, ce qui permet de donner un peu de châssis à cette partie de l’empeigne. Concrètement, l’arrière du pied et notamment le talon deviennent un peu mieux maintenus, et de fait ballotent moins à droite et à gauche durant l’effort. Mais il faut l’avouer, ce n’est pas non plus la panacée: la coque talon continue de manquer de structure lorsqu’on évolue dans des contextes relativement accidentés. On a même parfois un peu l’impression que l’arrière du pied va se déchausser dans les grosses montées… Bref, c’est une chaussure qui ne satisfera toujours pas les adeptes de sensations assez classiques et notamment ceux à la recherche de “bons” maintiens. On peut tout de même saluer l’effort entrepris par Altra pour corriger quel peu le défaut de sa chaussure dans ce domaine!

« Le col devient plus rembourré et les tissus un peu plus rigides, ce qui permet de donner un peu de châssis à l’arrière de l’empeigne! »

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Mais la marque a également légèrement modifié l’avant de sa chaussure. La toe box offre désormais un peu moins d’espace que ne le faisait celle de la Mont Blanc classique. Pour être précis, c’est surtout le cas en hauteur, mais les orteils conservent tout de même de la place sur les côtés pour s’exprimer. Cette réduction de la superficie n’est pas hyper gênante… à part dans les grosses descentes où le mesh peut parfois venir un peu frotter le dessus des orteils, sans que cela n’entraine pour autant de grosses frictions. Cependant, je ne suis pas sûr que les adeptes de la marque et/ou les athlètes aux pieds vraiment évasés apprécient ce changement… Mais il faut avouer qu’on gagne tout de même en maintien à l’avant: on a désormais l’impression que nos orteils “flottent” un peu moins à l’intérieur de la chaussure! J’ai par ailleurs été assez largement rassuré par les garanties apportées par la chaussure sur le plan de la durabilité, notamment sur sa partie supérieure. Cela constituait là aussi un des points faibles de la version précédente de la chaussure, mais Altra semble avoir entendu les critiques. C’est surtout le cas de la partie arrière de la tige qui semble désormais plus solide: elle résiste bien aux coups et aux déchirures, tout comme le mesh à l’avant. Il n’y a que la surface externe de la semelle intermédiaire qui semble donner quelques signes d’usure, avec l’apparition de quelques déchirures… mais ce n’est pas là où ça sera le plus gênant, ou alors seulement d’un point de vue esthétique!