Petzl a sorti, en fin d’année 2022, une nouvelle version de la Nao, une de ses lampes frontales haut de gamme pour la pratique du trail et de l’ultra. La Nao RL reprend en fait le design de la Nao +, qu’elle remplace, tout en étant plus légère – 145 grammes contre 185 g. pour la Nao + – mais également deux fois plus puissante – 1500 lumens contre 750 lm. Petzl aurait pu se contenter de ces deux améliorations majeures mais la marque a également choisi d’équiper sa frontale d’un mode intelligent nouvelle génération – à double variable – qui constitue en réalité son principal atout et une réelle avancée sur le plan du confort… à tel point que les athlètes auront sans doute du mal à s’en passer! Bref, une lampe qui s’affirme d’ores et déjà comme l’un des produits les plus performants du marché et qui aurait pu être parfaite si elle ne présentait pas quelques limites sur le plan de l’autonomie… de quoi refroidir les spécialistes des formats (très) longs et des ultras ? 

En Résumé

Puissance (Max): 1.500 lumens Autonomie: 80 h (en 10 lm) & 10 h (en 250 lm) Poids: 145 g Portée d’éclairage (Max): 200 m Alimentation: Batterie Etanchéité: Oui (IPX4) Points Forts: 1° Le Mode « Intelligent » (vraiment Novateur!) 2° La Qualité du Faisceau Lumineux 3° Le Confort (et l’Absence de Ballottements) 4° L’Ergonomie et la Facilité d’Utilisation Points Faibles: 1° L’Autonomie (un peu Faible sur Ultras) 2° Un éventuel Effet « Mal de Mer » avec le Mode Intelligent?

Un Faisceau Large, Mixte & Puissant

On a souvent tendance à ne juger les frontales pour le trail que sous le prisme de la puissance d’éclairage. Il est vrai qu’avec une capacité maximale de 1.500 lumens, la Petzl Nao RL s’affirme assurément comme l’une des lampes dédiées au trail les plus compétitives du marché – elle constitue même la seconde frontale la plus puissante derrière la Silva Exceed 4R . Mais, avec l’expérience, j’ai également appris à prendre en compte la qualité d’éclairage proposée par les lampes, élément d’autant plus important lorsqu’on participe à des épreuves de longues distances et notamment à des ultras. Et sur ce plan aussi, la Nao RL s’avère particulièrement performante : dès les premières minutes d’utilisation, j’ai été séduit par son faisceau large et homogène. Il n’y a pas de halo de lumière comme sur certains autres produits du marché mais la source de lumière est équitablement répartie sur tout le champ visuel. La frontale s’appuie en fait sur la même technologie que la Iko Core – de multiples leds (n=11) – pour offrir une lumière blanche et mutli-sources. J’ai pour ma part toujours apprécié les faisceaux blancs que je trouve beaucoup plus agréables et reposants au fil des heures. La pluralité des sources lumineuses permet par ailleurs à la lampe de particulièrement bien révéler le relief et les aspérités du terrain (cailloux, branches…) qui se présentent devant nous. 

Cette technologie permet enfin d’offrir un faisceau mixte – associé à la plupart des niveaux d’éclairage – qui permet d’éclairer aussi bien au large qu’à proximité, de quoi voir à la fois au niveau de ses pieds mais aussi plusieurs mètres devant… et ainsi anticiper au mieux ses prochaines foulées ! Il s’agit d’une frontale qui conviendra en fait assez bien aux athlètes qui apprécient voir au loin lorsqu’ils courent car la Nao RL offre des portées d’éclairages assez impressionnantes et clairement supérieures à la plupart des frontales du marché: son faisceau éclaire par exemple jusqu’à 100 mètres en mode 550 lumens, 140 mètres en 900 lumens et jusqu’à 200 mètres (c’est, sur le terrain, assez impressionnant…) avec le mode maximal de 1500 lumens! Seule l’intensité d’éclairage minimale (250 lumens en mode automatique) n’offre qu’une vision à portée de ses pieds mais je l’ai déjà trouvé largement suffisante sur des portions peu techniques et/ou lorsqu’on court à vitesse assez modérée. Sur le plan de la sécurité enfin, j’ai apprécié la présence d’un éclairage rouge à l’arrière (fixe ou clignotant), assez puissant et qui permet de plus facilement être vu!  

« La pluralité de ses sources lumineuses permet à la lampe de particulièrement bien révéler le relief et les aspérités (cailloux, branches…) du terrain qui se présentent devant nous »

Le Mode Reactiv Lighting: le Gros Point Fort de la Lampe ! 

Mais le véritable point fort de la Petzl Nao RL réside assurément dans son mode “intelligent”. Il faut l’avouer, Petzl a en fait un peu mal communiqué sur la nature et les performances de sa technologie Reactive Lighting que j’ai finalement trouvé au fil des heures à la fois novatrice et particulièrement adaptée à la pratique du trail. Elle propose même une réelle innovation sur le plan du confort de course. Les concepteurs ont en réalité muni la frontale d’un (ou plusieurs?) capteur de luminosité qui permet à la puissance d’éclairage et à la forme du faisceau de s’adapter automatiquement à l’environnement et aux conditions de course. Pour être plus précis, j’ai progressivement compris, au fil des kilomètres, que deux variables étaient prises en compte :  

1°) Le faisceau de la Nao RL s’adapte tout d’abord – pour faire simple – au champ visuel et/ou au relief qui se présente aux athlètes. Concrètement, face à une longue ligne droite, le faisceau de la lampe va s’élargir et devenir plus puissant (pour pouvoir voir le plus loin possible !) et, à l’inverse, se réduire et devenir moins puissant face aux obstacles (des arbres, une côte, un rocher…) qui se présentent devant lui. Pareillement, lorsqu’on baisse la tête et qu’on regarde au sol – en général dans les sections techniques, le faisceau se “rétrécit” mais augmente ensuite lorsqu’on la relève et que le champ visuel s’élargit – par exemple sur des sections plus roulantes. Bref, l’intensité de la lampe s’adapte en temps réel aux besoins des athlètes et aux conditions qu’ils rencontrent !  

« Les concepteurs ont muni la frontale d’un capteur de luminosité qui permet à la puissance d’éclairage et à la forme du faisceau de s’adapter automatiquement à l’environnement et aux conditions de course! »

2°) De manière complémentaire, le faisceau s’adapte également à la luminosité ambiante. Je me suis un peu interrogé sur l’utilité de cette fonction au début, à part pour les athlètes qui s’entraînent dans des environnements urbains/ résidentiels assez éclairés, mais là aussi j’en ai progressivement compris l’utilité au fil de mes entrainements (notamment en courant avec ma compagne) : C’est une fonction qui va selon moi s’avérer surtout utile lorsqu’on va courir en groupes, par exemple en compétitions. Dès lors qu’on se retrouve en présence d’autres athlètes (et d’autres frontales), l’intensité de la Nao RL s’abaisse, estimant (en quelque sorte) que vous êtes déjà suffisamment éclairé.  

Bref, c’est une vraie prouesse technique et cela représente un atout à la fois sur le plan du confort – car la luminosité est constamment adaptée à vos besoins et surtout cela évite de régulièrement à avoir à changer d’intensité d’éclairage-, mais aussi sur celui de l’optimisation de l’utilisation de la batterie (notamment en compétitions). Je dois avouer que j’ai particulièrement apprécié cette technologie, que j’ai en réalité trouvé un poil plus utile et performante que celle proposée par Go’Lum sur sa Piom + (qui prend en compte seulement le relief). Surtout, le mode Reactiv Lighting est utilisable avec trois modes d’intensités distinctes (mode 250 lumens max, 550 lm. max ou 1500 lm. max), ce qui là aussi permet encore plus d’adapter l’intensité et l’utilisation de la batterie à ses besoins. J’ai d’ailleurs utilisé la frontale quasi uniquement avec le mode intelligent activé (et notamment avec le mode intermédiaire de 550 lm. qui est sans doute le plus adapté). D’ailleurs, Petzl ne s’y est pas trompé car la lampe s’allume avec la technologie Reactive Ligthing activée par défaut (il suffit d’appuyer de manière prolongée sur le bouton situé à l’avant pour repasser en mode standard). La seule limite que je trouve à cette fonction réside dans le fait qu’elle pourra éventuellement provoquer un effet “mal de mer” chez certains athlètes, en particulier dans les sections très accidentées, à cause de la rapide variation des intensités lumineuses que cela peut entraîner… C’est également une fonction qui trouve un peu ses limites par temps brumeux (le capteur se réduit de fait à son intensité minimale considérant le brouillard comme un obstacle!), mais rien n’interdit de repasser provisoirement en mode standard!

Légèreté, Confort & Ergonomie au Rendez-Vous

J’ai enfin été particulièrement séduit par les qualités de confort de la Petzl Nao RL. La frontale se révèle être particulièrement légère (seulement 145 g) et parvient ainsi à se faire facilement oublier durant l’effort. Il existe certes des lampes de trail plus légères sur le marché mais les concepteurs de la Nao RL ont parfaitement joué sur son design pour en faire un des produits les plus confortables du marché: la répartition des charges entre l’avant (les leds) et l’arrière (la batterie) est tout d’abord parfaitement assurée. Petzl a surtout eu la bonne idée d’équiper sa frontale de deux sortes de bandeaux reliés entre eux – à l’avant, un bandeau épais (en noir), et, à l’arrière, un élastique plus fin dédoublé (en orange). Cette configuration permet de très bien répartir la charge sur toute la circonférence de la lampe, mais également verticalement – grâce aux élastiques orange -, et ainsi de limiter au maximum les ballottements en cours d’effort… une vraie trouvaille ! Le maintien est optimal en toutes circonstances : même dans les descentes engagées, la frontale ne bouge absolument pas. Les finitions ont par ailleurs été assez soignées: la platine à l’arrière – sur laquelle repose la batterie – a été volontairement élargie, arrondie et munie d’inserts en mousse de sorte à ce qu’elle vienne se coller parfaitement à l’arrière du crâne sans bouger. Celle à l’avant est plus minimaliste mais tout aussi confortable. Bref, il n’y a pour ma part absolument rien à redire sur ce plan! 

Sur le plan de l’ergonomie, on sent également que de nombreux efforts ont été entrepris. Le fonctionnement de la lampe repose en fait sur deux boutons: l’un situé à l’avant (sous les leds) permet d’allumer et d’éteindre la lampe ainsi que de varier les intensités d’éclairage (par un appui court). Ce même bouton permet également de switcher (par un appui plus long) entre modes “intelligents” et standard. Comme toutes les lampes, c’est un peu complexe au début (notamment pour savoir quel mode est activé), mais on prend ensuite rapidement le coup de main! Le bouton à l’arrière est quant à lui situé sous la batterie, sur le côté gauche. Il permet d’activer ou de désactiver le clignotant rouge (appui long) mais constitue également un indicateur de charge restante (appui court) par paliers de 20%. L’indicateur s’allume par ailleurs lorsqu’on met en marche la frontale ou lorsqu’on installe la batterie. Là aussi, le moindre détail a été pensé! Au rayon des petits défauts, je noterais tout de même que la lampe ne dispose pas de signal lumineux pour indiquer aux athlètes lorsque la lampe switche d’un palier de batterie à l’autre durant l’effort (sauf lorsqu’elle passe en mode réserve où elle se met à clignoter quelques instants avant…). J’ai également trouvé le clipsage et le déclipsage de la batterie un poil complexes: il faut appuyer sur le bouton gris large situé côté droit mais la batterie est assez difficile à enlever de son support. Pareillement, après l’avoir chargée et installée, il faut veiller à bien insérer le port USB dans l’encoche prévue… Là aussi, il faut en fait prendre le coup de main! La recharge de la batterie se fait quant à elle via câble USB et s’avère assez rapide (environ 3 heures).  

« La platine à l’arrière a été volontairement élargie, arrondie et munie d’inserts en mousse de sorte à ce qu’elle vienne se coller parfaitement à l’arrière du crâne sans bouger. »

L’Autonomie… un Peu Juste pour les Ultras?

Si jusqu’ici le tableau dressé de la Petzl Nao RL est assez élogieux, il faut tout de même avouer que la frontale présente tout de même quelques limites sur le plan de l’autonomie, en particulier dès lors que l’on va vouloir l’utiliser sur des ultras. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de tester la frontale sur ce genre de compétitions à cette époque de l’année mais les performances annoncées par Petzl nous permettent tout de même d’entrevoir ses faiblesses sur ce plan: Si la marque annonce une autonomie maximale de 80 heures, cette valeur correspond en réalité à une puissance d’éclairage de seulement 10 lumens… autant dire que c’est incompatible avec la pratique du trail. Si on entre dans le détail, la frontale propose – avec l’option reactiv ligthing – une autonomie maximum de 10 heures en mode 200 lumens, de (seulement) 5 heures en mode 550 lumens ou encore de (seulement) 2 heures en mode 1500 lumens. Ce sont plutôt des valeurs moyennes sur le marché, voir des valeurs moyennes assez basses, notamment en comparaison d’autres lampes haut de gamme – comme Stoots ou Go’Lum par exemple – et cela ne permettra aux athlètes de ne passer qu’une seule nuit sereinement, par exemple avec le mode de 550 lumens…

Bref c’est un poil léger, d’autant qu’une seule batterie est fournie avec la lampe et qu’il faudra donc sérieusement songer à s’en procurer une de rechange (qui est de toute façon obligatoire sur la plupart des ultras). La frontale dispose certes d’un mode réserve qui rallonge la durée de vie de la batterie d’environ 2 heures mais il fonctionne en mode 10 lumens… Autant dire que je ne suis pas sûr qu’on puisse véritablement compter dessus! Bref, c’est, à mon avis, un peu le point noir de la Nao RL, sans pour autant que ce ne soit véritablement rédhibitoire pour les ultras-traileurs. Mais espérons que des améliorations seront apportées sur ce plan sur la prochaine version car son mode automatique apporte une réelle plus-value! 

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Petzl Nao RL Puissance: 1.500 lumens Autonomie: 80 h (en 10 lm) & 10 h (en 250 lm) Poids: 145 g Portée d’éclairage: 200 m Alimentation: Batterie Etanchéité: Oui (IPX4) Prix: 159 euros

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